Les relations économiques bilatérales [vi]

Les relations économiques et commerciales franco-vietnamiennes s’inscrivent dans le cadre du partenariat stratégique bilatéral conclu en septembre 2013.

Situation économique du Vietnam

Le Vietnam a clôturé l’année 2023 sur une croissance légèrement plus forte que prévu de 5,1%, en fort repli par rapport à 2022, où elle avait atteint 8% grâce à l’effet de rebond post-pandémie. Le chiffre s’établit certes en dessous des prévisions officielles (6 à 6,5%), mais affiche une accélération continue depuis le début de l’année. L’activité est essentiellement soutenue par le secteur des services (+6,8%), dont en tout premier lieu le tourisme même si les arrivées internationales sont loin d’avoir rattrapé leur niveau de 2019, mais également les ventes de détail. La production industrielle, qui était en repli au cours du premier semestre, clôture l’année en progression (+1,5%) grâce au dynamisme des deux derniers trimestres. L’emploi a été affecté par le ralentissement économique. L’inflation reste maîtrisée à 3,3% sur l’année, s’établissant en deçà des attentes.

Le commerce extérieur vietnamien subit les effets du ralentissement de ses principaux partenaires : les exportations et les importations affichent respectivement une baisse de 4,4% et de 8,9% pour atteindre 356 Mds USD et 328 Mds USD. Les échanges se soldent par un excédent au profit du Vietnam de 28 Mds USD (soit 6,1% PIB). Il contribue à l’amélioration des réserves de change, qui avaient fortement baissé en 2022. Elles se seraient établies fin 2023 à trois mois environ d’importations de biens et services, ce qui reste raisonnable pour une économie aussi ouverte que le Vietnam dans laquelle une part importante des importations est en fait réexportée après avoir été plus ou moins fortement transformée sur place.

Les IDE réalisés restent stables. Leur flux est soutenu par la compétitivité coûts du Vietnam, la disponibilité de main d’œuvre et sa forte intégration commerciale, qui en font l’un des principaux bénéficiaires des transferts d’activités industrielles depuis la Chine : ils atteignent 23,2 Mds USD en 2023, soit 3,5% de plus qu’en 2022 ; les licences d’investissement délivrées progressent, elles, de 62% pour atteindre 36,6 Mds USD.

Les perspectives de court terme apparaissent très favorables, le pays devant rester une des économies les plus dynamiques au monde. La demande mondiale semble en effet redémarrer. Par ailleurs, l’effet des réductions imposées sur les taux servis aux déposants se fera pleinement sentir sur le coût des prêts bancaires en 2024 même si la marge de manœuvre de la SBV pour assouplir davantage sa politique monétaire est désormais faible. La prorogation des mesures de soutien à l’économie (baisse de TVA et de la taxe environnementale, notamment) contribuera également à la croissance. L’objectif officiel, fixé entre 6 et 6,5%, apparaît donc raisonnable dans un tel contexte. A plus long terme, l’objectif visant à parvenir au statut de pays développé est loin d’être acquis. Il dépendra de la capacité du pays à se réformer en profondeur, capacité dont il n’a pas encore pleinement apporté la preuve.

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Chantier de construction de la ligne n° 3 du métro de Hanoi financé notamment par l’AFD et le Trésor
© MEAE/Frédéric de la Mure

Relation économique franco-vietnamienne

Echanges commerciaux

En 2023, le déficit commercial de la France vis-à-vis du Vietnam s’est légèrement replié par rapport à l’année précédente (-9,6%) tout en se maintenant à un niveau élevé (5,2 Mds EUR). L’amélioration de notre déficit commercial avec le Vietnam est essentiellement liée à la baisse de nos achats de textile et chaussures. Selon les statistiques vietnamiennes, la France se classe au 21e rang de ses fournisseurs et au 24e rang de ses clients.
Notre part de marché s’est élevée à 0,5% en 2023, ce qui nous plaçait au 21e rang des fournisseurs du Vietnam, loin derrière nos concurrents asiatiques (Chine, Corée du Sud, Japon, Taïwan et plusieurs pays de l’ASEAN), mais également derrière les Etats-Unis, l’Australie et, au sein de l’UE, l’Allemagne et l’Irlande.
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La France a absorbé 0,9% du total des exportations vietnamiennes et s’est classée au 24e rang des clients de ce pays, loin derrière les Etats-Unis, la Chine et de nombreux pays asiatiques et, au sein de l’UE, derrière les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la Belgique.

Les exportations françaises vers le Vietnam se sont élevées à 1,2 Md EUR en 2023, chiffre proche de celui enregistré l’année précédente. Nos exportations sont concentrées sur quatre secteurs clés qui représentent 72,4% du total : produits pharmaceutiques (22% des exportations totales de la France vers le Vietnam) ; produits chimiques, parfums et cosmétiques (13,5%) ; produits des industries agroalimentaires (15,6%) et équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique (21,9%).

Les importations depuis le Vietnam s’élèvent à 6,4 Mds EUR en 2023, à comparer à 6,9 Mds EUR en 2022. Nos importations sont concentrées sur le secteur du textile/chaussures (44,2% du total) et des équipements mécaniques (33%).

Investissements

La plupart des entreprises du CAC40 sont actives au Vietnam. Les données sur le volume des IDE français au Vietnam varient fortement selon les sources. Selon les statistiques vietnamiennes, la France se classait fin 2023 au 3e rang des pays européens ayant investi au Vietnam, derrière les Pays Bas (8e) et le Royaume Uni (15e) et à la 16e place globale avec 678 projets au total pour un montant total de 3,8 Mds USD.

La typologie des entreprises françaises présentes au Vietnam s’articule autour de trois grandes catégories. D’une part, les entreprises participant à la réalisation de grands projets – nombreux mais lents et complexes d’accès, terrain naturel des entreprises françaises mais pas nécessairement le plus opportun. D’autre part, les entreprises qui importent depuis l’Asie, transforment ou assemblent localement pour réexporter vers l’Europe – schéma classique d’approche du marché en Asie du Sud-Est (cf. Thaïlande) mais finalement peu répandu au Vietnam (seulement Scheider Electric, Sanofi…). Enfin, les entreprises qui exportent depuis la France, ou cherchent à le faire, des biens de consommation courante.

Présentes pour environ les deux tiers à Hô Chi Minh-Ville, le reste étant implanté à Hanoï, les EFE (entreprises françaises de l’étranger) sont détenues par des Français implantés au Vietnam ou des franco-vietnamiens ou Viet kieu. Entreprises de droit local, elles disposent néanmoins de liens indirects avec la France à travers leurs fondateurs, leur activité, leurs liens capitalistiques ou leur image. Présentes dans l’ensemble des secteurs, elles représenteraient selon les estimations hautes 20 000 emplois et 4 à 5 Mds USD de chiffre d’affaires. Parmi les principales EFE créées au Vietnam, plusieurs sont d’éclatantes réussites, à l’instar d’Open Asia, Apple Tree ou Archetype.

Perspectives et opportunités économiques pour la France au Vietnam

  • L’accès à de nouveaux marchés avec l’entrée en vigueur le 1er août 2020 de l’accord de libre-échange UE/Vietnam (EVFTA). Cet accord fait du Vietnam le deuxième pays d’Asie du Sud-Est à avoir conclu un traité commercial avec l’Union européenne, après Singapour. L’EVFTA pourrait accroître les exportations du Vietnam vers l’Union européenne de 42,7% en 2025 et 44,37% en 2030. Pour rappel, le Vietnam fait aussi partie du CPTPP avec les pays d’Asie-Pacifique, depuis décembre 2018 et du RCEP avec 14 voisins asiatiques, depuis novembre 2020. Ensemble, ces trois accords couvrent environ 83% des flux commerciaux du Vietnam en 2023.
  • L’émergence d’une classe moyenne vietnamienne qui devrait atteindre 50% de la population d’ici 2035 selon la Banque mondiale, et devrait s’accompagner de nouveaux comportements de consommation.
  • Le vieillissement rapide de la population vietnamienne. La part des plus de 60 ans suit la tendance à la hausse : de 11,9% en 2019 à 13,9% en 2023 ; elle devrait atteindre 25% en 2050. Cette tendance se traduira par de nouveaux besoins en infrastructures et matériels de santé.
  • Une forte demande en infrastructures : les besoins sont estimés de 25 à 30 Mds USD par an d’ici 2040, voire beaucoup plus.
  • Le développement du secteur privé vietnamien.

La Chambre de Commerce et d’Industrie Française au Vietnam

JPEGLa CCIFV est née en 1989 à l’initiative d’hommes d’affaires de Ho Chi Minh Ville. Association de droit local à but non lucratif, la CCIFV appartient au réseau mondial des Chambres de Commerce et d’Industrie France Internatinal (CCI France International) qui réunit 115 chambres dans 85 pays.

Aujourd’hui, la CCIFV regroupe plus de 280 entreprises membres, pour la plupart des filiales de sociétés françaises ou des entreprises créées par des Français au Vietnam, représentant un nombre d’employés cumulé d’environ 65 000 personnes. Ses missions :

  • Animer la communauté d’affaires française au Vietnam en favorisant l’échange d’informations et d’expériences entre ses membres grâce à son réseau ;
  • Promouvoir l’image de la France au Vietnam et faciliter les échanges de biens, services et de capitaux entre ces deux pays ;
  • Soutenir les sociétés françaises à chaque étape de leur projet de développement au Vietnam : les accompagner en phase d’investigation active sur le marché vietnamien en leur proposant un appui concret et des solutions opérationnelles, et ce, en liaison étroite avec les CCI en France, CCI France International et les réseaux animés par les pouvoirs publics français.

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publié le 26/04/2024

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